Paris-Budapest

Pour cet ingénieur de formation, enseignant aux Beaux-Arts d’Amiens et installé dans la Citadelle Douce, l’art devient multimédia. De la vidéo, il est passé aux images de synthèse, la télécopie... L’art devient ainsi de plus en plus conceptuel. Au nombre des appareillages producteurs de formes culturelles, I’ordinateur fonde un type encore inconnu de connaissance et de savoir-faire, il initie de nouvelles relations entre les codes, la matière et l’action.

Orient Express est une performance réalisée en 1987 par Stéphan Barron. Il s’était alors déplacé en Orient Express de Paris à Budapest Toutes les heures, il réalise une photographie polaroïd. A Budapest, les 25 polaroïds réalisés sont digitalisés sur ordinateur et envoyés à Paris par modem et téléphone. Le même processus est utilisé lors du retour. Ce sont ces 50 polaroids et ces 50 images informatiques que nous pourrons découvrir exposées dans le halI de l’hôtel de ville. Une vidéo créée dans les mêmes circonstances sera par ailleurs diffusée.

–" Mes recherches s’appuient sur un travail concernant l’espace et le temps. Je m’interroge sur la manière dont les nouvelles technlogies peuvent générer une nouvelle forme de pensée en me positionnant dans une sorte d’humanisme technologique. Il y a un enjeu esthétique artistique humaniste dans l’utilisation des nouvelles technologies. On ne doit pas laisser celles-ci entre les seules mains des scientifiques ou des économistes, on doit aussi s’en saisir pour développer une nouvelle forme de sensibilité.

–Vos performances s’inscrivent toujours dans une dimension internationale est-ce délibéré ?

–" Oui, j’aime beaucoup travailler sur les grandes distances, c’est un peu la recherche d’une sensation que je qualifierai de planétaire. C’est un peu la vieille histoire du " village planétaire " de Mac Luhan. Par delà ce cliché, c’est vrai que les nouvelles technoloqies ont ceci de fabuleux qu’elles anéantissent la notion classique d’espace et de temps. Les distances sont abolies, Ie temps peut être simulé...

Dans mon projet Orient Express j’ai voulu faire passer l’idée d’un voyage imaginaire; c’est-à- dire que grâce à mes images, des gens peuvent voyager sans bouger. Cette dimension planétaire entraine une nouvelle façon de voyager dans sa tête, liée à une forme de pensée post-moderne, la pensée écologique. Pour moi, un art écologique ce n’est pas un artisanat baba-cool, c’est introduire une nouvelle forme de pensée qui soit en adéquation avec le troisième millénaire.

- Comment fait-on pour transformer une photo polaroïd en image numérique ?

–" On met le polaroid devant une caméra vidéo qui est reliée à un ordinateur et celui-ci, par l’intermédiaire d’un logiciel, transforme le polaroïd en image numérique. On peut alors bricoler un peu l’image. Le résultat ressemble un peu à une peinture abstraite, mais on retrouve les structures, les formes de l’image ".

L’horizon de l’image numérique est cette fenêtre utopique d’où l’univers entier serait visible sous toutes les échelles et sous tous les modes de représentation imaginables.

Orient-Express, hall de l’hôtel de ville, du 21 mai au 5 juin.

texte paru dans Hérouville Nouvelles