Technoromantisme

Galerie

Gallery Rien de spécial Nothing special projets & pdf DVDREMIX DVDREMIX en Theorie Theory Contact

 

Les drapeaux de prières se déroulent, le spectateur entre dans un lieu de recueillement. Dans le prolongement de sa quête personnelle et spirituelle, Stephan Barron guide le spectateur vers un chemin initiatique ; celui-ci se laisse tenter par cette invitation à l'abandon, se plongeant dans l'immense vide spirituel et constant. Les pages d'infini s'ouvrent et se referment, parfois face ou dos au spectateur. Celui-ci se déplace librement dans cet espace de création. L'espace photographique devient une étendue des possibles,illimitée, dans une pauvreté formelle, plastique et architecturale. Ce décor minimal, noyé dans l'étendue du vide, stimule et inspire : le spectateur circule et rencontre des aplats de couleurs sombres et profondes, trace d'une présence calme et sublime.

Les drapeaux, en suspension dans l'atmosphère, séparent, encerclent, coupent l'espace et le décompose en quatre lieux de quiétude. Endroit mythique. Dans ce paysage de l'isolement, l'esprit se vide de nos pulsions et vibre sur le rythme paisible de la courbe dessinée par ces voiles.

Ainsi l’artiste nous convie à caresser des yeux la sagesse, dans la passivité et l'écoute du corps intériorisé, dans un juste milieu entre engagement et retrait. Le regard s'élève. L'artiste poursuit sa rencontre avec le ciel. L'image laisse deviner un passage qui mène vers un au-delà mystérieux. La verticalité du trait permet de dépasser l'horizontalité terrestre. Le visiteur quitte l'émotivité qui le fragilise pour accéder à une force inconnue. Instant de religiosité et vécu conscient de notre "être-là " dans le monde. Dans un entrepôt sobre, vide et froid,la toiture joue de transparence pour laisser entrer des fragments de ciel.

Au cœur du désir, dans ce qui reste d'impalpable et d'inaccessible, la matière s'immobilise. Chute inéluctable dans la mort et dans l'oubli : le tissu presque humain s'abandonne au chaos et à l'inertie. Le voile souple danse entre deux silences. Corps latent qui s'écartèle entre conscience et inconscience, éveil ou anoblissement, rupture ou fuite dans le non concret. Il bascule de l'autre côté, comme attiré vers l'immanence.

________________

Expression du rouge et du brun. Tristesse se mêle au désir et raconte l'incompréhensible. Le lourd monochrome opaque se fissure telle une cicatrice des sentiments. Lieu de la dépression, de la blessure et de la solitude. Une seule et même forme résiste et trouve son équilibre dans l'évidence de la rencontre avec la perte ; dans l'éclaircie d'un rien. C'est l'ivresse d'un abandon de soi. A la limite extrême du déchirement, l'être-objet devient tissu de chair . Les teintes presque noires glissent vers le rouge : la passion s'inspire de la douleur, le drap s'éteint ou s'étend. Dans le silence des images, toute matérialité s'efface comme une âme qui se détache de son épaisseur. Lorsque le désir et la perte s'accordent miraculeusement pour donner un soupçon d'éternité, la plénitude extatique s'installe au creux de l'intime.

Dans ce lieu poétique l'artiste harmonise discrètement les dissonants accords de croyance et de technologie. Désir et crainte, sensualité et immatérialité, drame et plénitude, force et fragilité humaine.

Julie Pereto